Polychromies 2 (2008) "Moving color"

pour ensemble de 13 saxophones et piano

Création le 15 mars 2009 à l'Auditorium Saint-Germain (Paris)

par l'ensemble Saxetera,

direction : Jean-Pierre Ballon

Durée : 12 minutes

 

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lien vers la partition

 

Présentation :

Dans quelle mesure le travail du matériau sonore en tant que tel détermine-t-il les autres paramètres musicaux que sont les durées, l’harmonie, l’instrumentation, et jusqu’à la forme toute entière ? Cette question hante mes recherches depuis quelque temps déjà, et trouve son paroxysme dans le triptyque des « Polychromies », pièces de dimensions sensiblement différentes allant de la formation de « musique de chambre » au grand orchestre en passant par l’ensemble de saxophones et piano qu’est la seconde.

Le principe initial est donc simple : la notion de « couleur » demeure l’acteur principal de ces trois œuvres, elle se comprend néanmoins de façon très différente à chaque fois. Ainsi, si l’idée de Polychromies 1 (sous-titrée « time-color ») reposait sur la notion de « structures de couleurs » et de contrastes de densités selon l’analyse de spectres lumineux,   Polychromies 2, en revanche, laisse entendre par son titre « moving color » un aspect mouvant, en constante évolution, d’un (petit) nombre de couleurs ‘primaires’ se dégradant peu à peu en nuances plus subtiles.

Ces couleurs initiales sont ici des complexes harmoniques issus des résonances naturelles du saxophone, d’où l’emploi d’une orthographe musicale qui intègre les micro-intervalles, non pas dans la continuité des recherches de la musique « spectrale » ou dans une quelconque échelle modale, mais tout simplement pour prolonger ou anticiper certains sons spécifiques du saxophone (tels que les multiphoniques) qui génèrent des couleurs différentes de celles du piano avec lesquelles elles sont soit en conflit, soit en osmose.

Par ce procédé, la pièce toute entière glisse d’une atmosphère à une autre : les quatre couleurs primaires génèrent rapidement quatre couleurs secondaires et autant de couleurs « tertiaires » : le total de douze est atteint aux deux tiers de l’œuvre -point culminant- et en donne la clé à l’auditeur : la suite n’est qu’une récapitulation sommaire de ces péripéties, dont la conduite est confiée principalement au piano qui prend enfin son essor, comme libéré. Enfin, une vaste coda rompt la logique systématique de la pièce pour retrouver l’esprit nocturne et mystérieux qui introduisait Polychromies 1.